dimanche 7 juin 2015

La vérité sur l'affaire Harry Quebert, de Joël Dicker

Éditeur : De Fallois Poche (2014)
Première publication : 2012
Nombre de pages : 859
Genre : roman policier

Résumé de l'éditeur

À New York, au printemps 2008, lorsque l'Amérique bruisse des prémices de l'élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente: il est incapable d'écrire le nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur d'ici quelques mois.
Le délai est près d'expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d'université, Harry Quebert, l'un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison.
Convaincu de l'innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l'enquête s'enfonce et il fait l'objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d'écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s'est-il passé dans le New Hampshire à l'été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ?
Sous ses airs de thriller à l'américaine, La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l'Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.


Mon avis


Avis mitigé sur ce livre. J'ai à la fois aimé et pas aimé ce livre (oui, je sais, ce n'est pas logique, mais vous allez vite comprendre).

Certains aspects m'ont gênée, voire agacée, à commencer par l'histoire d'amour entre Nola et Harry, qui non seulement n'est pas crédible et affreusement mièvre (les « Harry chéri » et « Nola chérie » à foison, vraiment, c'est horripilant), mais est également malsaine (faire passer une relation entre un homme de 34 ans et une adolescente de 15 ans qui se viennent tout juste de se rencontrer pour une grande histoire d'amour, c'est même un peu douteux, je trouve). 
Tous les passages sur l'amour sont d'une niaiserie rare, ça m'a souvent agacée, mais après réflexion, je me demande si ce n'était pas volontaire de la part de l'auteur, pour faire de ces scènes justement quelque chose de peu crédible, une sorte de parodie de la romance ? 
Toutes les recommandations de Harry à son élève au sujet du métier d'écrivain (et autres conseils) m'ont aussi très vite agacée ou ennuyée, je n'y ai vu aucun intérêt.

Ensuite, les innombrables clichés sur les États-Unis (il faudra qu'on m'explique en quoi ce livre apporte « une réflexion sur l'Amérique ? ») ont fini par m'irriter également : les Américains sont divisés en deux catégories, les « mondains » New-yorkais et les « péquenauds » (je cite un terme employé dans le livre) des campagnes... Encore une sorte de parodie peut-être ? J'ai parfois eu l'impression de lire le scénario d'une série télé américaine, et je n'ai trouvé aucune réflexion subtile ou intéressante sur les États-Unis. Dommage, ce n'était pas ce que promettait l'éditeur pourtant.

Troisième point négatif : le style d'écriture, plat, qui ressemble étrangement à une mauvaise traduction de l'anglais. Mais sur ce point, je reste prudente, parce que je me demande là aussi si ce n'est pas volontaire. Le roman est truffé d'expressions et de mots calqués de l'anglais américain, de tournures qui font penser à une traduction bâclée de l'anglais vers le français, si bien que j'ai même vérifié si l'auteur était bien francophone et que je n'étais pas en train de lire une traduction sans le savoir ! Quel auteur francophone écrirait ainsi ? À mon avis, aucun. À moins d'être un écrivain influencé par une grande consommation de mauvaises traductions françaises de romans américains (peu crédible quand même), ou... de le faire exprès. D'où ma prudence quant à la critique du style. Pour en avoir le cœur net, il va falloir que je lise un autre livre de cet auteur. 
Ce style, volontaire ou non, rend toutefois le livre parfois pénible à lire, mais l'ensemble se lit tout de même vite (heureusement). Par contre, j'ai quand même relevé quelques erreurs de syntaxe et des maladresses qui ne sont sans doute pas volontaires.

Et quatrième et dernier point négatif que je relève : la longueur. Ou plutôt LES longueurs. Trop de longueurs, des dialogues souvent inutiles, parfois carrément ridicules, et surtout... beaucoup de répétitions, qui deviennent lassantes. Des passages et dialogues entiers sont répétés (au cas où le lecteur ait une mémoire de poisson ?) Je crois que ce roman aurait facilement pu faire 200 ou 300 pages de moins tout en restant aussi efficace. Il est très lent à démarrer, et j'ai commencé à vraiment m'y accrocher au bout d'environ 300 pages.

Alors, après tout ça, on bien se demander pourquoi j'ai aussi aimé ce livre... Parce que OUI, malgré toutes ces critiques plutôt négatives, il y a aussi du très bon dans ce pavé !

Le gros point positif de ce roman est sa construction. C'est un polar extrêmement bien pensé, bien construit, avec un suspense qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page. Plus on avance dans l'intrigue, plus celle-ci s'embrouille, plus elle se complexifie, et plus on a envie de savoir. On finit par douter de tous les personnages. On va de fausses pistes en fausses pistes, de rebondissements en rebondissements, de découvertes en découvertes. L'enquête est drôlement bien menée, et c'est là tout l'intérêt du livre. Joël Dicker est un excellent scénariste. C'est pour cette raison que j'ai lu ce livre aussi rapidement (6 jours pour un pavé de plus de 850 pages), j'ai été happée par l'enquête, j'étais curieuse de savoir comment l'auteur allait s'en sortir avec tout ce méli-mélo d'intrigues et tous ces suspects. Et malgré une fin un peu tirée par les cheveux (mais ça n'a rien de surprenant pour ce genre de roman), je dirais qu'il s'en est plutôt bien sorti. 

En conclusion, cette lecture était divertissante, c'est une bonne « lecture de vacances », un bon policier, une enquête très prenante, mais pas de quoi en faire un chef-d’œuvre littéraire non plus (et je vous épargnerais mes commentaires sur les prix qu'a reçu ce livre...). 
Je vais certainement lire un autre roman de cet auteur pour me faire vraiment une idée de son œuvre et de ses talents.

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