lundi 1 juin 2015

D'argile et de feu, d'Océane Madeleine

Éditeur : Éditions des Busclats (2015)
Nombre de pages : 121
Genre : roman

Quatrième de couverture

« Durant des années, j'ai été un point de silence et d'immobilité. Mais ce point s'est mis en marche ce matin. Mes pieds commencent à inventer une ligne. C'est une ligne de fuite. »

Ainsi écrit Marie, jeune femme d'aujourd'hui, dans le cahier blanc. Elle y raconte sa déambulation, sa halte, l'adhérence des pieds sur le sol des chemins, sa rencontre par-delà les siècles avec l'autre Marie, Marie Prat la potière, qui savait transformer la terre dans ses mains et la cuire au feu. En ce 19
e siècle où la poterie était affaire d'hommes, elle inventait des pots et les signait avec insolence « fait par moi ».

Et c'est comme si la force vitale de Marie la potière consignée dans le cahier rouge, apprivoisait peu à peu Marie la narratrice hantée par un cauchemar d'incendie. Flamme de vie contre flammes de mort.

Océane Madelaine, céramiste et écrivain, manie les mots comme elle tourne ses pièces, avec rigueur, justesse, et la grâce de celle qui cherche la beauté de l'épure. Elle signe là son premier roman.


Mon avis

C'est l'histoire d'une fugue, d'une jeune femme qui n'arrive pas à se trouver et à vivre sa vie après un drame familial qui la hante encore ; c'est aussi l'histoire d'une quête, d'une introspection, d'une guérison et d'une renaissance. Au hasard des chemins, Marie découvre une cabane abandonnée en pleine forêt, tout près d'un petit village. Épuisée, elle s'y installe pour quelques jours, et rencontre une sorte de « guide », un homme plein de sagesse qui semble avoir tout compris d'elle et l'aidera à trouver la bonne voie. Grâce à lui et à l'histoire de « l'autre Marie », la potière qui vécut dans le village au 19e siècle, que Marie s'approprie peu à peu, la jeune femme va enfin pouvoir renaître, et vivre.  

Un beau premier roman, court mais intense, à l'écriture contemporaine et pleine de poésie, où se mêlent l'histoire de Marie, une jeune femme d'aujourd'hui, meurtrie, traumatisée, et celle d'une autre Marie, une artiste étonnamment douée pour son art, qui a laissé son empreinte dans le village et la région où elle vécut plus d'un siècle auparavant. L'une est terrorisée par le feu, élément incontrôlable et dangereux qui a détruit sa vie lorsqu'elle avait 12 ans ; l'autre vivait au quotidien avec le feu créateur, la chaleur qui transforme la terre en œuvres d'art, et s'est battue pour exercer son métier de potière auquel les femmes n'avaient pas accès.

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