Nombre de pages : 728
Genre : roman
Présentation de l'éditeur (folio)
Seul l'être capable d'indépendance spirituelle est digne des grandes
entreprises. Tel Napoléon qui n'hésita pas à ouvrir le feu sur une foule
désarmée, Raskolnikov, qui admire le grand homme, se place au-dessus du
commun des mortels. Les considérations théoriques qui le poussent à
tuer une vieille usurière cohabitent en s'opposant dans l'esprit du
héros et constituent l'essence même du roman. Pour Raskolnikov, le crime
qu'il va commettre n'est que justice envers les hommes en général et
les pauvres qui se sont fait abusés en particulier. « Nous acceptons
d'être criminels pour que la terre se couvre enfin d'innocents », écrira
Albert Camus. Mais cet idéal d'humanité s'accorde mal avec la conscience
de supériorité qui anime le héros, en qualité de « surhomme », il se
situe au-delà du bien et du mal. Fomenté avec un sang-froid mêlé de
mysticisme, le meurtre tourne pourtant à l'échec. Le maigre butin ne
peut satisfaire son idéal de justice, tandis que le crime loin de
l'élever de la masse, l'abaisse parmi les hommes.
Mon avis
Il
est un peu tôt pour déjà annoncer LE coup de cœur 2016 (il y en aura
sans doute d'autres), mais cela faisait longtemps qu'aucun livre ne
m'avait autant passionnée ! Crime et châtiment est l'un de ces
romans tellement connus et commentés qu'on a l'impression de les avoir
déjà lus sans ne jamais les avoir ouverts... Mais je ne regrette pas de
m'être enfin laissée réellement emporter dans ce gigantesque chef
d’œuvre de la littérature russe du XIXe siècle ! C'est une lecture
captivante, qui, dès les premières pages, invite
le lecteur au cœur d'une intrigue bien ficelée, quelque part entre ce
qu'on appelle aujourd'hui le thriller psychologique, le roman social, le
réalisme et le policier. Cette histoire est sombre, tortueuse, parfois
malsaine. On entre quasiment dans la tête du meurtrier, on découvre une
multitude de personnages complexes, incroyablement humains (les
personnages masculins surtout, les femmes restent plutôt en retrait dans
l'histoire et sont assez stéréotypées, mais rien de surprenant pour un
roman du XIXe siècle). Meurtre, folie, misère, alcoolisme, déchéance,
angoisse permanente... Il règne une atmosphère tragique, tendue, presque
saturée, intrigante, voire mystérieuse, si bien qu'au bout d'un moment
on ne sait plus vraiment qui est fou et qui ne l'est pas, où s'arrête et
où commence la folie, qui est coupable de quoi (tout dépend de quel «
crime » on parle), qui est à blâmer le plus, ni qui est le plus
misérable de tous. Et l'envie de savoir, de connaître la suite, la fin
de cette histoire, ne nous lâche pas du début à la fin.
Je
remercie vivement Babelio et les éditions Thélème pour cette
merveilleuse découverte via Masse Critique ! Je précise que j'ai reçu Crime et châtiment
via Masse critique sous forme de livre audio, et que la lecture du
roman par Pierre-François Garel est vraiment vivante, très agréable à
écouter. J'ai essentiellement « lu » ce livre en l'écoutant dans ma
voiture, lors de mes trajets quotidiens, mais c'était à chaque fois une
déception d'arriver à destination et de devoir par conséquent mettre ma
lecture sur pause jusqu'au prochain trajet : je n'ai donc pas résisté à
continuer ou terminer certains chapitres en rentrant chez moi en me
plongeant dans mon vieil exemplaire papier de chez Folio classique (que
je n'avais d'ailleurs encore jamais lu) !