vendredi 19 décembre 2014

La Passion selon Juette, de Clara Dupond-Monod

Date de parution : 2007 (version livre de poche : 2009)
Nombre de pages : 176
Genre : roman historique




 
Quatrième de couverture

Juette est née en 1158 à Huy, une petite ville de l'actuelle Belgique. Cette enfant solitaire et rêveuse se marie à treize ans dans la demeure de ses riches parents. Elle est veuve cinq ans plus tard. Juette est une femme qui dit non. Non au mariage. Non aux hommes avides. Non au clergé corrompu. Violente et lucide sur la société de son temps, elle défend la liberté de croire, mais aussi celle de vivre à sa guise. Elle n'a qu'un ami et confident, Hugues de Floreffe, un prêtre : à quelles extrémités arrivera-t-elle pour se perdre et se sauver ? Car l’Église n'aime pas les âmes fortes... De ce Moyen Âge traversé de courants mystiques et d'anges guerriers, qui voit naître les premières hérésies cathares, Clara Dupont-Monod a gardé ici une figure singulière de sainte laïque. Elle fait entendre enfin la voix de Juette l'insoumise. Peut-être l'une des premières féministes.

Mon avis

Cette histoire s'inspire de la vie réelle d'une jeune fille prénommée Juette, racontée par son ami Hugues de Floreffe dans un document qui a été retrouvé intact. Cependant, il s'agit d'une fiction basée sur des faits réels, et non pas la véritable histoire de Juette. Si on regarde bien, on peut même y déceler quelques petits anachronismes, apparemment assumés par l'auteure (d'après une interview vue sur Internet), qui ne dérangent pas vraiment la lecture, mais qui enlèvent un peu de crédibilité à l'histoire.

L'auteure a également pris quelques libertés par rapport à la véritable histoire de Juette. Certains de ses choix m'ont d'ailleurs gênée, peut-être parce que je connaissais déjà l'histoire de Juette de Huy racontée par l'historien George Dubuy dans « Dames du XIIe siècle ». 
La Juette du roman est, je pense, trop dure et sans doute loin de la véritable Juette, celle dont parle le prêtre Hugues de Floreffe. On a du mal à s'attacher à elle, je me suis plus facilement attachée à son ami Hugues, dont la voix fait écho à celle de Juette tout au long du roman.
Elle dénonce avec violence certaines pratiques de son époque, elle s'oppose au clergé, à son père qui veut la remarier après la mort de son mari. Elle n'a pas froid aux yeux, elle se bat pour aider les plus faibles (les lépreux et les femmes dans le roman), mais je ne pense pas qu'elle puisse vraiment être qualifiée de « féministe » : elle se bat pour un monde plus juste, et même si elle tient des propos « féministes » (notamment en ce qui concerne le mariage forcé des très jeunes filles), elle se bat avant tout pour elle-même. Elle veut vivre sa foi comme elle l'entend, elle ne veut pas de clergé entre elle et Dieu ; elle veut pouvoir disposer de son corps et ne plus être soumise à aucun autre mari. Ses « visions » font rapidement d'elle une jeune femme mystique dérangeante mais intouchable par l’Église (bien que cela ne soit pas tout à fait le cas dans le roman).

D'après ce que l'on sait, Juette de Huy a eu trois enfants, dont un enfant mort en bas âge, et deux fils, sur lesquels, en mère aimante et protectrice, elle a toujours veillé, même après son entrée dans l'ordre des béguines (l'ordre des veuves). La Juette de ce roman a un seul fils (après avoir mis au monde un enfant mort-né). Elle est tellement radicale dans sa haine des hommes qu'elle le renie et le déteste tout autant que son mari avant même qu'il soit né. Je n'en dis pas trop au cas où certains voudraient lire le livre, mais je trouve que la Juette de Clara Dupont-Monod est un peu trop haineuse, violente et bornée.
Il y a d'autres décalages entre le roman et l'histoire que l'on connait de la véritable Juette, que je ne citerai pas ici pour ne pas trop en dire sur l'histoire du roman.

Pour ce qui est de la qualité littéraire, Clara Dupont-Monod a une très belle écriture, élégante et pure. Cependant, le style du roman, avec ses nombreuses petites phrases cinglantes, met une certaine distance entre le lecteur et les deux personnages narrateurs (Juette et Hugues). C'est du moins mon ressenti personnel. 

En conclusion, un agréable roman, bien écrit, mais qui ne m'a pas particulièrement touchée.

dimanche 7 décembre 2014

Charlotte, de David Foenkinos

Date de parution : mai 2014
Nombre de pages : 220
Genre : roman

Quatrième de couverture

Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : "C'est toute ma vie". Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.

Mon avis

Je n'avais jamais lu cet auteur car ses romans ne m'ont jamais attirée. À vrai dire, « Charlotte » ne m'attirait pas plus que les autres, mais étant donné la médiatisation du roman, et puisque je participe à un challenge « Prix littéraires », je me suis dit « pourquoi ne pas découvrir ce dont tout le monde parle, histoire de me faire ma propre opinion ». Et puis... même si les prix littéraires n'influencent jamais mes choix de lecture, un livre qui a reçu 2 prix littéraires ne peut quand même pas être mauvais. C'est du moins ce que je me suis dit en achetant « Charlotte ». 
Au début, j'ai été agréablement surprise par la forme originale du roman, une sorte de long chant écrit en vers libres. Voilà une lecture qui allait changer de ce que j'avais lu ces derniers mois. Mais ce n'est pas poétique. Et le style... si l'on peut parler de style... est agaçant à la longue. Une succession de phrases courtes, parmi lesquelles beaucoup sont inutiles. 
L'auteur va à la ligne à chaque phrase... coûte que coûte. Et il triche, même :  il va jusqu'à couper des phrases longues en deux, pour en faire deux pauvres petites phrases amputées et bancales, comme ce qui suit, par exemple :
« Elle devrait aussi remercier son pays, pense Charlotte.
  Qui, humiliée, observe la mascarade. »
Plus on avance la lecture, plus on se dit que ce style devient ridicule dans ce roman. Du moins, c’est mon avis, mais il le dit un peu lui-même, il l'a choisi par facilité :

« Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
Impossible d’avancer.
C’était une sensation physique, une oppression.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi. » 


Pour respirer, il respire. L'écriture est saccadée, et au fil des pages, ça devient pénible à lire. Et, surtout, choisir une forme originale permet (un peu) de faire oublier au lecteur la pauvreté du fond. De plus, c'est un style vraiment pratique : on ne s'emmêle pas dans de grandes phrases et on donne l'impression d'avoir écrit un roman plus volumineux alors qu'en fait... On n'a pas écrit grand-chose. 
Forcément. 
Quand on n'écrit pas plus de douze petits mots par phrase. 
Et que chaque phrase ne fait jamais plus d'une ligne. 
Et qu'en plus on saute souvent des lignes.
Et qu'on divise un tout petit roman en huit parties.
Et que chaque partie est divisée en mini-chapitres. 
Et qu'on se répète un peu.
Forcément.
C'est pratique.
Et de loin, on dirait même de la poésie.
Forcément, ça fait bien.

Bref. Trêve de plaisanterie. Avec tout le respect que je dois à l'auteur qui a sans doute beaucoup travaillé sur un sujet qui lui tenait certainement à cœur, et au risque de me faire huer puisque visiblement ce livre suscite un engouement massif, je vais oser le dire : ce roman n'est pas bon. 
Contrairement à ce que promet la quatrième de couverture, à savoir un « portrait saisissant », j'ai trouvé ce portrait bien fade. On n'a pratiquement aucune description de la peinture de Charlotte, qui a pourtant séduit l'auteur. Pourquoi ? Parce que c'est difficile de décrire une peinture, surtout quand elle nous a marquée ? Peut-être bien. Je trouve tout cela bien dommage. 

Le style détaché, très haché, ne m'a pas permis d'apprécier les personnages, de les sentir vivre à travers le récit. Après la lecture de ce roman, je n'ai pas l'impression de connaître Charlotte ; elle n'aura malheureusement pas marqué mon esprit à travers le récit de Foenkinos... Malgré son destin horriblement tragique. C'est quand même dommage, ça aussi. 

De plus, la vie de Charlotte est sans cesse interrompue par des explications de l'auteur sur ses recherches, il raconte où il est allé et comment il a retracé la vie de Charlotte pour son roman... comme ça, sans prévenir, au beau milieu du récit. Aucun intérêt pour le roman. Cela « entrecoupe » la narration, déjà suffisamment hachée par la forme. Et ça fait un peu prétentieux, disons-le. Il aurait pu, si vraiment il y tenait, ajouter des notes sur ses recherches à la fin du livre. Mais non, il s'introduit dans la vie de Charlotte, à tout instant.

Et, pour finir, parlons du thème principal de ce roman : la Shoah. Le devoir de mémoire est important, c'est certain. Mais là, on a une impression de déjà lu, une platitude énervante sur le sujet. Du convenu.

Je me demande une fois de plus sur quels critères on attribue des prix littéraires... Il y a quand même eu des productions bien plus dignes d'un prix en 2014, non ?




 3/6 pour le challenge « Prix littéraires »

dimanche 30 novembre 2014

La fille de papier, de Guillaume Musso

Date de parution : octobre 2013
Nombre de pages : 603
Genre : roman


Quatrième de couverture

Quand la vie ne tient plus qu’à un livre !
« Trempée jusqu’aux os et totalement nue, elle est apparue sur ma terrasse au beau milieu d’une nuit d’orage.
– D’où sortez-vous ?
– Je suis tombée.
– Tombée d’où ?
– Tombée de votre livre. Tombée de votre histoire, quoi ! »
Tom Boyd, un écrivain célèbre en panne d’inspiration, voit surgir dans sa vie l’héroïne de ses romans. Elle est jolie, elle est désespérée, elle va mourir s’il s’arrête d’écrire. Impossible ? Et pourtant !
Ensemble, Tom et Billie vont vivre une aventure extraordinaire où la réalité et la fiction s’entremêlent et se bousculent dans un jeu séduisant et mortel...

Mon avis

Tom Boyd n'est pas seulement en panne d'inspiration ; il est surtout en pleine dépression après une rupture amoureuse et n'arrive plus à écrire au moment où le troisième tome de sa saga est attendue par son éditeur et ses fans. Ses meilleurs amis, Carole et Milo, tentent en vain de l'aider, quand une drôle de fille, Billie, vient tout changer. Billie est un personnage de Tom Boyd qui serait sortie du monde imaginaire de l'écrivain. Elle l'entraîne dans une étrange aventure jusqu'à tomber malade : l'écrivain doit impérativement terminer sa saga pour sauver Billie et la ramener dans le monde de la fiction... 
J'ai lu ce livre car il m'a été envoyé par Anne Sophie dans le cadre d'un partenariat. Cependant, je n'ai pas aimé ce livre, et je vais être honnête dans ma chronique et expliquer pourquoi.
Je n'avais jamais lu Musso avant, et je ne relirai probablement pas d'autre livre de cet auteur... Je ne suis vraiment pas adepte de littérature populaire. Habituellement, je ne m'y intéresse pas. C'était donc une manière de découvrir ce que tant de lecteurs aiment, bien que cette littérature ne soit pas à mon goût.
Je trouve que l'écriture de Guillaume Musso n'a aucun style, que les dialogues sont plats et souvent sans intérêt, et certains passages sont carrément inutiles. Il y a de nombreuses répétitions et le vocabulaire souvent vulgaire qu'il utilise me déplaît, et pas seulement dans les dialogues (par exemple, je cite, au hasard, page 98 : « Malgré le bordel qui régnait dans le salon »).
Quant à l'intrigue, on se croirait dans un mauvais film hollywoodien mêlé au genre Harlequin, les clichés sont tellement nombreux qu'ils deviennent insupportables et les personnages semblent sortir tout droit d'une série populaire américaine... même les lieux choisis n'ont aucune originalité (Malibu, Paris, Los Angeles...). J'ai trouvé l'histoire sans charme, mièvre et ennuyeuse.


vendredi 28 novembre 2014

Défi « le siècle des Lumières »

Le siècle des Lumières m'a toujours fascinée, et c'est avec grand bonheur que je participe au défi lancé par Parthénia.

Principe :

Le défi prendra fin le 16 novembre 2017 (tricentenaire de la naissance de d'Alembert).
Toutes les œuvres produites entre 1670 et 1820 en Europe ou les œuvres postérieures mais se rapportant à cette période sont acceptées, y compris les pièces de théâtre, les compositions musicales, les essais philosophiques ou scientifiques, etc.
Pour plus d'informations, vous pouvez consulter la page de Parthénia.

Je me suis inscrite au grade Mme du Deffand, ce qui correspond à la création de 10 à 14 billets sur ce thème.

mardi 25 novembre 2014

Hadriana dans tous mes rêves, de René Depestre


Première parution chez Gallimard en novembre 1988
Prix Renaudot 1988
Genre : roman

Nombre de pages : 224

Quatrième de couverture


Jacmel, en Haïti. En 1938, au moment du Carnaval. C'est la fin de Germaine Villaret-Joyeuse, la chère marraine du narrateur et, en même temps, les noces de l'éblouissante Hadriana Siloé. Conduite à l'église, Hadriana pousse un oui hallucinant de détresse et s'écroule, morte, aux pieds de l'officiant. Mais nous sommes au pays vaudou et il n'y a pas de mort qui tienne. À peine enterrée dans sa belle robe blanche, Hadriana se prête au rituel de la métamorphose, et renaît sous l'espèce mythique d'une zombie. Dès lors, le jeune narrateur laisse se débrider son humour et son imagination, dévoilant la scène haïtienne dans toute sa fantaisie, sa sensualité, sa magie démontée et son désordre. Comme si la joie de vivre et la terreur de passer à trépas relevaient d'une seule et même énergie. 

Mon avis

J'avoue que dès les premières pages, je me suis demandé : « mais qu'est-ce que c'est que cette histoire à dormir debout ?? ». Pourtant, ma curiosité l'a tout de même emporté sur l'envie de fermer le livre et de passer à autre chose... et j'ai continué ma lecture. 
C'est un récit bien surprenant que nous livre là René Depestre. Je ne connais pas très bien les croyances et traditions haïtiennes, et je me suis sentie un peu désorientée au début. Heureusement, il y a un petit glossaire des termes haïtiens à la fin du roman qui m'a permis de comprendre certains termes obscurs : connaissez-vous les noms des dieux vaudous ? Savez-vous ce qu'est une banda ? Une rabordaille ? Un loa ? Ce livre permet de le découvrir à travers ce récit de zombies loufoque. Je dirais donc que sur ce point-là, ce roman est intéressant, mais je n'ai pas vraiment accroché à l'histoire, qui mêle exotisme, croyances et pratiques vaudou (notamment en ce qui concerne la mort), érotisme, coutumes haïtiennes et surréalisme. Je n'ai pas réussi non plus à m'attacher au personnage principal, le narrateur. De plus, j'ai trouvé certains passages un peu lourds et longs, surtout à la fin, mais je comprends que l'on puisse aimer l'écriture de l'auteur : c'est poétique, et certaines phrases m'ont fait sourire. 
J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Prix littéraires lancé par Le sanctuaire de la lecture.

lundi 24 novembre 2014

Les ignorants, d'Étienne Davodeau


Titre complet : Les ignorants, récit d'une initiation croisée
Genre : bande dessinée
Éditeur : Futuropolis
Date de parution : 6 octobre 2011
Nombre de pages : 272


Quatrième de couverture


Étienne Davodeau est auteur de bande dessinée, il ne sait pas grand-chose du monde du vin. Richard Leroy est vigneron, il n'a quasiment jamais lu de bande dessinée. 
Mais ces deux-là sont pleins de bonne volonté et de curiosité. Pourquoi choisit-on de consacrer sa vie à écrire et dessiner des livres ou à produire du vin ? Comment et pour qui les fait-on ? Pendant plus d'une année, pour répondre à ces questions, Étienne est allé travailler dans les vignes et dans la cave de Richard, lequel, en retour, s'est plongé dans le monde de la bande dessinée. 
Ils ont ouvert de nombreuses bouteilles et lu pas mal de livres. Ils se sont baladés, à la rencontre d'auteurs et de vignerons passionnés par leur métier. 
Étienne Davodeau fait le pari qu'il existe autant de façons de réaliser un livre qu'il en existe de produire du vin. Il fait le constat que l'un et l'autre ont ce pouvoir, nécessaire et précieux, de rapprocher les êtres humains. 
C'est le joyeux récit d'une initiation croisée que vous propose les Ignorants.

Mon avis

Étienne Davodeau raconte sa découverte du monde du vin auprès de son ami Richard Leroy, vigneron. En échange, il fait découvrir à Richard Leroy l'univers de la bande dessinée, lui fait lire une sélection d'albums et l'emmène chez son éditeur, dans une imprimerie, visiter des salons littéraires spécialisés, etc.
J'ai reçu ce livre de la part d'Anne Sophie dans le cadre d'un partenariat. Autant le dire tout de suite : je ne lis jamais de bandes dessinées, et je ne bois jamais de vin... je suis donc, moi aussi, une ignorante. Une double ignorante, même. J'ai pourtant adoré cette bande dessinée pédagogique qui ne parle que de BD et de vin ! Cet album m'a appris beaucoup de choses, notamment sur le métier de vigneron, et j'ai vraiment apprécié les dessins de Davodeau, le réalisme et la sincérité des deux personnages principaux. 
Sans rentrer dans des détails trop techniques et compliqués, Étienne Davodeau nous propose de découvrir la biodynamie, les différentes techniques agricoles utilisées par les vignerons, la façon dont un vigneron soigne, au jour le jour, ses terres et sa vigne... Il parle aussi de son métier de dessinateur et d'auteur, avec beaucoup de modestie et de justesse. 
Cette histoire, c'est avant tout celle d'un échange enrichissant entre deux amis qui n'ont à priori pas grand-chose en commun, mais qui partagent pourtant une même passion : celle du métier qu'ils ont choisi d'exercer.
Petit plus de l'album : on trouve à la fin du livre une petite liste récapitulative de toutes les références œnologiques et toutes les bandes dessinées mentionnées dans le récit.

 

mercredi 19 novembre 2014

L'enfant léopard, de Daniel Picouly


Première parution : 1999
Prix Renaudot 1999
Genre : roman

Nombre de pages : 347

Quatrième de couverture


16 octobre 1793. Dans sa cellule de la Conciergerie, Marie-Antoinette se prépare à mourir. Au-dehors, un ultime complot s’est formé. Il ne reste que douze heures pour sauver la reine.
Pendant ce temps, dans ce Paris tumultueux de la Révolution, on traque un mystérieux enfant léopard. Certains pour le protéger. D’autres pour le tuer. Mais qui est cet enfant léopard si convoité ? Est-il vrai qu’il est le fils caché d’une grande dame du royaume, voire de la reine elle-même ? Difficile à croire. Et pourtant…
C’est à une folle cavalcade romanesque derrière ce mystère que nous invite Daniel Picouly. Les intrigues s’entremêlent, les péripéties se bousculent comme chez Alexandre Dumas. Les deux inspecteurs noirs qui recherchent l’enfant, dans un étrange Harlem derrière le Luxembourg, sont tout droit sortis de l’univers de Chester Himes. L’occasion de se souvenir que Dumas lui-même était métis.
Ce roman joyeux, aussi fantaisiste qu’érudit, et qui trace un émouvant portrait de Marie-Antoinette, mère assassinée, étrangère devenue bouc émissaire, a valu à son auteur le prix Renaudot 1999.

Mon avis

Je connaissais Daniel Picouly en tant qu'auteur pour la jeunesse (pour la série d'albums Lulu Vroumette, notamment). J'avais lu de bonnes critiques sur ce livre et le sujet m'avait attirée et j'avoue que je m'attendais à un roman un peu plus réaliste... Il ne s'agit pas du tout d'un roman historique mais d'une histoire rocambolesque sur fond historique, et encore, on a là une Histoire totalement fantaisiste et confuse, bourrée d'anachronismes et d'allusions à notre société actuelle (on découvre, entre autres, le premier fast-food parisien où un certain Le Mac vend des en-bourgeois), avec des personnages tous aussi farfelus les uns que les autres. 
On se trouve donc dans un Paris révolutionnaire complètement extravagant, les têtes tombent, le procès de Marie-Antoinette est en cours, et on rencontre quelques personnages historiques rendus peu crédibles dans ce récit (la comtesse du Barry,  Robespierre, ou encore, bien sûr, Marie-Antoinette). 
Tout le monde est à la recherche d'un mystérieux « enfant léopard » (le fils illégitime de Marie-Antoinette ? D'une autre grande dame peut-être ?), les uns pour le tuer, les autres pour le sauver ; on se lance alors à la poursuite de cet enfant dans un Harlem parisien du XVIIIe siècle aux côtés de deux (très jeunes) inspecteurs et aventuriers noirs. 
J'avoue que cette lecture a été pour moi plutôt laborieuse, j'ai eu du mal à terminer ce livre par manque d'intérêt. Certes, c'est très bien écrit, les idées foisonnent et l'auteur a fait preuve d'une grande originalité, mais j'ai trouvé cette histoire longue et ennuyeuse, je n'ai pas réussi à m'intéresser aux personnages, et j'ai trouvé que le style et le langage populaire adoptés par l'auteur rendaient la lecture trop pénible à la longue.

J'ai lu ce livre dans le cadre du challenge Prix littéraires lancé par le Sanctuaire de la lecture.

samedi 15 novembre 2014

Les combustibles, d'Amélie Nothomb


Première parution : 1996
Genre : théâtre
Nombre de pages : 88

Quatrième de couverture

La ville est assiégée. Dans l'appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l'étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres. Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quel livre emporteriez-vous sur une île déserte ? Dans ce huis clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l'étincelante romancière du Sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu'on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ? Humour, ironie et désespoir s'entre-tissent subtilement dans cette parabole aux résonances singulièrement actuelles. 

Mon avis

Je ne suis pas fan d'Amélie Nothomb (je la connais très peu, en fait), et en général, je fuis les auteurs à succès qui écrivent un livre (voire plus) par an. J'ai reçu ce livre de la part d'Anne Sophie, ma binôme, et j'avoue que je n'aurais sans doute jamais été vers ce livre sans elle. J'ai été doublement surprise avant même de vraiment commencer la lecture : c'est un tout petit livre, et ce n'est pas un roman mais une pièce de théâtre minimaliste en huis-clos (1 seul "acte", 3 personnages, 1 seul lieu, un décor pauvre). Je m'attendais à un roman de 200-250 pages... C'est donc un livre qui se lit très vite et est très facile à lire, et, je l'avoue, j'ai passé un agréable moment. 
L'histoire est originale, brodée sur une question bien connue (« quels livres choisirait-on d'emporter sur une île déserte ? ») mais dans un contexte très sombre non défini et atemporel. Les personnages se trouvent dans une situation désespérée : que vont-ils choisir ? Leur survie, ou les livres ? Et quels livres vont-ils commencer à jeter au feu ? Qu'adviendra-t-il d'eux quand tous les livres seront en cendres ? Que vaut la littérature et la culture quand on a froid et faim, quand c'est la guerre et qu'on n'en voit pas l'issue ?
Ce que je reprocherais à ce livre, quand même, c'est justement qu'il est un peu (trop) court, que certaines réflexions auraient mérité d'être approfondies, et certaines parties du dialogue m'ont paru un peu plates... dans un récit aussi court, je crois qu'on ne peut pas se permettre de platitudes, je pense qu'il faut viser l'efficacité à chaque ligne. De plus, j'ai trouvé les personnages un peu fades. Mais malgré cela, j'avais hâte de finir le livre pour savoir comment cette histoire allait se terminer, et ce qu'il adviendrait des personnages. Un bon moment de lecture quand même, donc. 
Merci Anne Sophie !



mardi 11 novembre 2014

Un miracle en équilibre, de Lucía Etxebarria


Titre original (espagnol) : Un milagro en equilibrio


Genre : roman 
Parution : 2004 (pour la version originale)
Disponible en français en format poche (éditions 10/18)

Nombre de pages : 414


Quatrième de couverture

Lettre ouverte d'Eva à sa fille qui vient de naître, Un miracle en équilibre est une longue adresse affectueuse et drôle, piquante et poétique, où une mère dit à son enfant le bonheur qu'elle a de l'avoir conçue, portée, mise au monde, et dans quel monde ! Elle dit aussi la complexité des choix, les désirs multiples et parfois contraires qui tiraillent le cœur de la femme moderne : être indépendante, attirante, active, aimante, exemplaire, l'une après l'autre ou toutes à la fois. Elle dit encore les doutes d'un écrivain, l'inspiration capricieuse ou la cavalcade impatiente des idées et des mots quand le temps d'écrire fait défaut. De New York à Madrid en passant par Alicante, à cheval entre le passé, le présent et le futur, Eva dessine les contours d'une nouvelle forme de féminité placée sous le signe de la liberté, de l'action et de la tendresse.

Mon avis

J'avais commencé ce livre avec enthousiasme (je l'ai lu en version originale, en espagnol, donc), après en avoir lu (et entendu) tant de bien, mais j'ai été tout de même déçue. Cette longue lettre, écrite sous forme de journal intime, a reçu le prix Planeta 2004 (équivalent espagnol à notre prix Goncourt), et je n'ai pas vraiment compris pourquoi. Je ne me laisse jamais influencer par les prix littéraires pour choisir mes lectures ; j'avais eu envie de lire ce livre simplement parce que le thème m'avait plu et que l'idée d'une mère qui écrit une longue lettre à sa fille nouvellement née avait un brin d'originalité. Je m'attendais à quelque chose d'un peu plus déjanté et « vivant » venant de la part de Lucía Etxebarria... Il y a certes une vraie touche d'humour, beaucoup d'émotion, mais ce récit bourré de flashbacks traîne en longueur. J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, et je dirais que les 150-200 dernières pages sont finalement les plus belles et intéressantes. Disons que, mais ça n'engage que moi, si l'auteure s'était contentée d'écrire 200-250 pages, ça aurait suffit. Je trouve qu'elle se répète beaucoup, certains détails m'ont semblé inutiles et viennent alourdir le récit, et les retours incessants dans le passé rendent l'histoire parfois confuse... 
Cependant, je ne peux pas nier la qualité de son écriture, cette auteure a un style bien à elle que j'apprécie vraiment, l'histoire de cette femme récemment devenue mère et qui est en train de perdre sa propre mère, mourante dans un hôpital, est touchante.
Ce livre est également une réflexion sur notre société actuelle, notamment sur la place et le rôle des femmes au sein de la société et des familles, mais là encore, beaucoup de banalités et de détails sans grand intérêt... une déception pour moi, dommage.

La Foire du livre de Brive-la-Gaillarde

J'ai passé le week-end dernier à la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde. C'était la 33e édition, présidée par Jean Teulé. Pas moins de 300 auteurs étaient au rendez-vous ! 
Au cours de mes deux journées de foire, entre deux conférences, j'ai pu rencontrer (et obtenir quelques dédicaces au passage, bien sûr...) des écrivains connus, comme Clara Dupont-Monod (que j'aime beaucoup !), Jean d'Ormesson, David Foenkinos, Serge Joncour, Jean-Christian Petitfils, Eric Reinhardt, Jean Teulé, Amélie Nothomb...
Je suis arrivée au centre de Brive à 14 h, et je n'en croyais pas mes yeux quand j'ai vu la file d'attente pour entrer dans la salle ! Une heure d'attente le samedi après-midi, et d'après ce que j'ai entendu dire, le matin, la foire était tout aussi fréquentée. Attendre patiemment, debout, 30, 40, voire 50 minutes pour rencontrer des écrivains, faire dédicacer un livre, assister à une conférence, ou même prendre en photos des célébrités (comme les frères Bogdanov ou Julien Lepers... si, si, ils ont un fan club !), il faut vraiment, vraiment être passionné ! (à part pour les quelques personnes non civilisées qui se permettent de passer devant tout le monde, tranquillement, sans un mot, comme si de rien n'était... des papis et mamies qui ont tout leur temps, sans doute, mais qui estiment que leur temps est plus précieux que celui des autres.)
J'ai donc attendu environ une heure avant qu'un vigile passe tout mon corps au détecteur et fouille mon sac (eh oui, plan Vigipirate oblige...) et de pouvoir enfin mettre les pieds dans la salle. On commence obligatoirement la visite par l'espace « jeunesse », qui était plutôt calme (et réduit) comparé à l'espace « littérature », où il était parfois impossible de circuler tant les allées étaient noires de monde et certains stands créaient de véritables bouchons : certaines personnes n'ont pas hésité à attendre près d'une heure pour obtenir une dédicace !
Le lendemain, le dimanche à 10 h, était organisée une dictée savamment composée par Jean-Joseph Jullaud et à laquelle j'ai participé avec joie (bon, je n'ai pas gagné de prix, mais l'important c'est de participer... non ? Et j'ai appris des mots dont je ne soupçonnais même pas l'existence, par la même occasion !). J'ai tout de même été étonnée de voir que dès 9h du matin, un dimanche, tant de monde fasse déjà la queue avant l'ouverture des portes, et que dès 9h30 la salle où devait se dérouler la dictée était déjà pleine à craquer !
Bref, j'ai passé un week-end au milieu des livres et des écrivains, le tout dans une bonne ambiance, malgré la foule et la file d'attente à l'entrée et avant chaque dédicace : un vrai régal, le paradis des lecteurs !

mardi 28 octobre 2014

Confiteor, de Jaume Cabré


Titre original (catalan) : Jo confesso

Date de parution : 4 septembre 2013
Genre : roman
Traducteur :  Edmond Raillard

Éditeur : Actes Sud
Nombre de pages : 784

Quatrième de couverture
 
Barcelone années cinquante, le jeune Adrià grandit dans un vaste appartement ombreux, entre un père qui veut faire de lui un humaniste polyglotte et une mère qui le destine à une carrière de violoniste virtuose. Brillant, solitaire et docile, le garçon essaie de satisfaire au mieux les ambitions démesurées dont il est dépositaire, jusqu’au jour où il entrevoit la provenance douteuse de la fortune familiale, issue d’un magasin d’antiquités extorquées sans vergogne. Un demi-siècle plus tard, juste avant que sa mémoire ne l’abandonne, Adrià tente de mettre en forme l’histoire familiale dont un violon d’exception, une médaille et un linge de table souillé constituent les tragiques emblèmes. De fait, la révélation progressive ressaisit la funeste histoire européenne et plonge ses racines aux sources du mal. De l’Inquisition à la dictature espagnole et à l’Allemagne nazie, d’Anvers à la Cité du Vatican, vies et destins se répondent pour converger vers Auschwitz-Birkenau, épicentre de l’abjection totale.

Confiteor défie les lois de la narration pour ordonner un chaos magistral et emplir de musique une cathédrale profane. Sara, la femme tant aimée, est la destinataire de cet immense récit relayé par Bernat, l’ami envié et envieux dont la présence éclaire jusqu’à l’instant où s’anéantit toute conscience. Alors le lecteur peut embrasser l’itinéraire d’un enfant sans amour, puis l’affliction d’un adulte sans dieu, aux prises avec le Mal souverain qui, à travers les siècles, dépose en chacun la possibilité de l’inhumain – à quoi répond ici la soif de beauté, de connaissance et de pardon, seuls viatiques, peut-être, pour récuser si peu que ce soit l’enfer sur la terre.

Mon avis

Il est presque impossible de résumer un tel monument littéraire, d'une richesse et d'une intelligence comme on en lit peu.
Confiteor. Mais de quoi parle donc ce livre ? Je dirais qu'il parle, entre autres, d'amour, de guerres, de violence, de secrets de famille, d'art, de littérature, d'amitié, de la folie humaine, de culture, de musique, de maladie, de mémoire, de la vie et de la mort... Confiteor, c'est d'abord la vie d'un homme, de l'enfance à la vieillesse ; c'est l'histoire de l'Europe à travers les siècles, l'histoire d'une amitié fragile qui dure toute une vie, non pas sans trahisons, l'histoire d'un amour compliqué et passionné... mais c'est aussi celle du Vial, un violon à la fois diabolique et merveilleux, véritable personnage et fil conducteur de ce récit incroyablement dense.
Une multitude de personnages et d'époques différentes se croisent, les histoires foisonnent et se fondent dans l'Histoire avec un grand H, le style décousu si particulier à ce roman est un peu déroutant au début, mais on se prend vite au jeu, on bascule d'une époque à une autre, d'un récit à un autre en l'espace d'une ligne, d'un mot. Le temps et l'espace n'ont plus aucune limite, les histoires et les personnages s'enchevêtrent sans que jamais le lecteur ne perde le fil : c'est du grand art. Et disons-le : le traducteur a également réussi un travail titanesque, d'une finesse inouïe. Bravo à lui.
Près de 800 pages que j'ai avalées avec avidité, une écriture savante mais accessible à tous, une narration originale et captivante : c'est un chef d’œuvre que je relirai sans doute un jour, et qui m'habitera encore longtemps.


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