samedi 18 avril 2015

Nos étoiles contraires, de John Green

Titre original : The fault in our stars (édition de poche : Penguin)
Titre en français : Nos étoiles contraires (éditions Nathan)

Date de publication : 2012 chez Dutton Books pour la version originale en anglais américain (celle que j'ai lue), 2013 pour la traduction en français (roman traduit par Catherine Gibert)

Nombre de pages : 313 en anglais ; 330 en français

Quatrième de couverture (de la version française)


Hazel, 16 ans, est atteinte d'un cancer. Son dernier traitement semble avoir arrêté l'évolution de la maladie, mais elle se sait condamnée. Bien qu'elle s'y ennuie passablement, elle intègre un groupe de soutien, fréquenté par d'autres jeunes malades. C'est là qu'elle rencontre Augustus, un garçon en rémission, qui partage son humour et son goût de la littérature. Entre les deux adolescents, l'attirance est immédiate. Et malgré les réticences d'Hazel, qui a peur de s'impliquer dans une relation dont le temps est compté, leur histoire d'amour commence... les entraînant vite dans un projet un peu fou, ambitieux, drôle et surtout plein de vie. 

Mon avis

Je précise avant toute chose que, comme à chaque fois que j'en ai l'occasion, j'ai lu ce livre dans sa version originale. Par conséquent, mon avis ne concerne pas la traduction en français, je ne l'ai pas lue et ne peux donc pas juger de sa qualité, du style etc.
Le style, justement, parlons-en : je savais bien en choisissant cette lecture que je n'allais pas lire de la « grande littérature » étant donne le succès du livre... Mais cette histoire avait suscité ma curiosité. Et puis, j'avoue : parfois, ça fait du bien de lire un livre « facile » et populaire. (Cela dit, je l'avais acheté avant la sortie du film basée sur ce roman, et avant même qu'il ne soit traduit en français : je ne savais donc pas que je venais d'acheter un succès international... et j'ai traîné pour le lire). Bref, pas de la grande littérature, donc. Il est plutôt adapté aux adolescents et jeunes adultes (d'ailleurs, les personnages principaux ont 16 et 18 ans, ce n'est pas un hasard).
Un livre sur l'amour, la mort et la maladie, qui se lit très facilement, même en anglais pour ceux qui sont tentés par la version originale. Une écriture simple, mais un thème vraiment pas simple, vous vous en doutez bien. Et j'ai trouvé que l'auteur avait fait preuve de justesse dans le choix des mots, et a su éviter de trop tomber dans le mélo en permanence (sur plus de 300 pages, à force, cette histoire serait devenue insupportable). 
Une histoire à la fois bouleversante, triste, touchante, dramatique et, heureusement, drôle parfois, avec laquelle j'ai passé un bon moment. 
Cependant, petite recommandation : ne lisez pas ce livre si vous êtes déprimé... 
Et dans tous les cas, sortez vos mouchoirs !


mardi 14 avril 2015

La fée carabine, de Daniel Pennac

Éditeur : Gallimard - collection folio
Date de publication : 1987
Nombre de pages : 306

Quatrième de couverture

« Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c'est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ? » Ainsi s'interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d'un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l'innocence même (« l'innocence m'aime ») et pourtant... pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale.

Mon avis

Deuxième volume de la saga Malaussène, après Au bonheur des ogres, La fée carabine est une sorte de polar comique (mais pas trop violent), plein d'humour et de situations cocasses, dans lequel les nombreuses intrigues s'entremêlent et le destin des personnages se croise. 
À Belleville, des vieilles dames sont mystérieusement assassinées, un jeune policier a été tué en pleine rue, une journaliste a été torturée, des grands-pères sont drogués par une drôle d'infirmière anonyme... Et au milieu de tout cela se trouve notre pauvre Malaussène, le plus grand bouc émissaire de tous les temps : par malchance, son nom apparaît dans toutes les affaires louches de la ville, et il va falloir de l'imagination et un sacré bon policier pour démêler tout ça !
Ce que j'aime dans ce livre, c'est l'originalité des intrigues, le style de Pennac, l'humour et la poésie du texte, et, bien sûr, les personnages déjantés mais tellement attachants de la famille Malaussène. Une parodie du roman policier drôlement bien menée ! C'est un vrai régal, ça m'a même donné envie de relire Au bonheur des ogres, que j'ai lu il y a une bonne dizaine d'années maintenant. Et d'enchaîner avec le volume suivant, La petite marchande de prose, évidemment.

mardi 7 avril 2015

La fortune des Rougon, d'Émile Zola

Éditeur : Gallimard ; collection folio classique (d'autres éditions sont également disponibles)
Première publication :1871 (écrit en 1869)
Nombre de pages : 480
Premier volume de la série romanesque des Rougon-Macquart, qui en compte 20 au total.

Quatrième de couverture
À ce moment, le gendarme Rengarde écarta brusquement la foule des curieux. Dès qu'il avait appris que la troupe revenait avec plusieurs centaines d'insurgés, il s'était levé. Dehors, sa blessure se rouvrit, le bandeau qui cachait son orbite vide se tacha de sang. Sa tête pâle enveloppée d'un linge ensanglanté, il courut regarder chaque prisonnier au visage, longuement. Et, tout d'un coup :
"Ah! le bandit, je le tiens!" cria-t-il.
Il venait de mettre la main sur l'épaule de Silvère. Rengade se tourna vers l'officier, qui n'avait pu trouver parmi les soldats les hommes nécessaires à une exécution.
"Ce gredin m'a crevé l’œil, lui dit-il en montrant Silvère. Donnez-le moi... Ce sera autant de fait pour vous."

Mon avis

J'ai toujours aimé Zola, et j'ai décidé cette année de me lancer dans la grande aventure : j'ai prévu de lire (ou relire pour certains volumes) toute la fresque sociale des Rougon-Macquart, dans l'ordre chronologique. J'ai déjà lu Nana, Germinal, Au bonheur des dames et La Bête humaine, mais c'était il y a fort longtemps ; ce sera donc avec grand plaisir que je les ressortirai de ma bibliothèque pour redécouvrir ces œuvres en temps voulu.
Je viens donc de terminer le premier volume, pilier de cette fresque monumentale. Certes, ce n'est peut-être pas le roman le plus populaire de Zola, mais il est essentiel puisqu'il s'agit de la genèse des Rougon-Macquart. Malgré l'aspect politique de ce roman (que j'ai trouvé au final très instructif), j'ai tout de même très vite été prise par l'histoire, qui se déroule dans la ville fictive de Plassans, quelque part en Provence, au lendemain du coup d'État d'où naîtra le Second Empire.
Cette ville vit encore comme au Moyen Âge en plein XIXe siècle, coupée du monde, et s'enferme à double tour entre ses remparts chaque nuit.
C'est là que naît la famille des Rougon-Macquart, avec pour parent commun Adélaïde Fouque, la mère de Pierre Rougon, l'un des personnages principaux de ce volume, mais aussi celle d'Antoine et d'Ursule Macquart, enfants « bâtards » qu'elle a eu avec Macquart après la mort de son mari, Rougon. Adélaïde est la grand-mère d'Eugène, de Pascal, d'Aristide, de Sidonie et de Marthe (les enfants du couple Pierre Rougon et Félicité Puech (cette femme est un personnage extraordinaire, soi dit-en passant !)), mais également de Silvère, fils d'Ursule et du chapelier Mouret. Nous rencontrerons tous ces personnages plus tard, dans les 19 romans suivants. 
Jalousie, complots, cupidité, vengeance, trahison, violence, fourberie et surtout quête du pouvoir et de l'argent... on ne s'ennuie jamais avec cette famille. Dans toute cette noirceur, heureusement quelques personnages viennent éclairer le tableau : les jeunes amoureux Silvère et Miette d'abord, mais aussi le Docteur Pascal, qu'on aperçoit seulement de temps en temps, et puis la vieille Adélaïde, qui, malgré ses défauts, n'est pas mauvaise et m'a particulièrement touchée.
J'ai adoré certains passages, notamment les moments d'intime innocence entre Silvère et Miette, la beauté de l'écriture de Zola qui nous parle de ces instants de pur bonheur au cœur de la campagne provençale, décrite avec tant de subtilité et de précision... Ces passages sont tout simplement sublimes.
J'ai hâte de lire le volume suivant, La Curée !

mercredi 1 avril 2015

Peines de cœur d'une chatte anglaise, de Balzac

Éditeur : Flammarion (poche)
Première publication :1841 (éditions Hetzel)
Nombre de pages : 190
Volume illustré

Quatrième de couverture

En 1840, l'éditeur Hetzel eut l'idée d'un grand livre collectif illustré par le célèbre caricaturiste Grandville : Scènes de la vie privée et publique des animaux. À cette occasion, plusieurs écrivains de renom, parmi lesquels Charles Nodier, Alfred de Musset et George Sand, entreprirent de donner la parole aux bêtes, pour dévoiler des travers tout humains. Balzac, dans ce projet, s'imposa comme le collaborateur le plus fécond : il écrivit, en marge de la Comédie humaine, cinq nouvelles pleines d'humour et d'esprit, réunies dans le présent volume. Le premier de ces récits, Peines de cœur d'une chatte anglaise, relate les amours interdites d'une aristocratique féline et d'un matou sans le sou : on dit que, sous ce masque, Balzac aurait mis en scène sa liaison secrète avec la comtesse Guidoboni-Visconti...
 
Contenu 
 
Une introduction rédigée par Rose Fortassier, suivie de 5 contes de Balzac :
1) Peines de coeur d'une chatte anglaise
2) Guide-âne à l'usage des animaux qui veulent parvenir aux honneurs (précédé d'une notice de présentation)
3) Voyage d'un moineau à Paris, à la recherche du meilleur gouvernement (précédé d'une notice de présentation)
4) Voyage d'un lion d'Afrique à Paris et ce qui s'ensuivit (précédé d'une notice de présentation)
5) Les amours de deux bêtes offerts en exemple aux gens d'esprit  (précédé d'une notice de présentation)
 
Mon avis
 
Balzac a écrit ces contes sur commande de l'éditeur Hetzel en 1840, tandis qu'il rassemblait son œuvre romanesque qui deviendra bientôt La comédie humaine. Il a pris un réel plaisir à écrire ces « petites bêtises » comme il les appelle, et c'est avec le même plaisir que j'ai lu Peines de cœur d'une chatte anglaise, la première nouvelle, plutôt amusante, de ce recueil. Le Guide-âne est assez sympathique aussi, plein d'humour , mais j'avoue avoir un peu plus de mal avec les suivantes. Les notices qui précèdent les nouvelles sont utiles à la bonne compréhension du contexte de chaque conte, et les nombreuses notes ajoutées par l'éditeur à la première nouvelle sont également d'une aide précieuse. Petit bémol : les illustrations (8 en tout) ne concernent en fait que la première nouvelle. Dommage, j'aurais aimé connaître les illustrations de Grandville pour les autres nouvelles... Cela n'enlève rien au texte, et, en conclusion, je dirais que les deux premières nouvelles sont agréables lire, pleines d'esprit, et constitueraient une bonne introduction à l’œuvre de Balzac aux plus récalcitrants, bien que ces petites histoires n'aient évidemment aucun rapport avec La comédie humaine, le style et l'esprit de Balzac sont tout de même là.
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